La philosophie pour les enfants : une invitation au mieux-être


La pratique de la philosophie avec les enfants n’a pas d’âge ; cependant il est dommage de constater l’absence de philosophie dans les programmes français du préscolaire, du primaire et du secondaire, bien qu’il soit répandu dans une soixantaine de pays, dont le Canada et en particulier le Québec.
À rappeler que les bases de la philosophie pour les enfants ont été posées dans les années 70 par Matthew Lipman, un philosophe et pédagogue américain. À l’origine de sa démarche : la conviction qu’il faut développer l’esprit critique de nos enfants, pour maintenir l’équilibre de nos sociétés démocratiques. Cela implique la question fondamentale de la quête de sens, et notamment celui de la vie.
Dans cette lignée, d’autres philosophes se sont illustrés, tels que Oscar Brenifier, qui a contribué à la rédaction, entre autres, du rapport de l’UNESCO en 2007, sur la philosophie dans le monde, très joliment intitulé « la philosophie, école de liberté ».
Grâce aux recherches et aux brillants ouvrages spécialisés ou de vulgarisation de ces « penseurs éclairés », des publics variés s’ouvrent à la philosophie, enfants comme adultes, en France et dans de nombreux pays. Vivement que nos écoles cessent de faire la sourde oreille !
L’enfant a une curiosité naturelle et dès son plus jeune âge, il pose des questions existentielles, sans en avoir conscience. Il s’agit alors de le prendre au sérieux, d’être à l’écoute de ses interrogations et d’y répondre dans la mesure du possible. « Tout part de l’étonnement et du questionnement » disait Aristote.

Parler philosophie pour un enfant, c’est exprimer un désir de savoir, c’est apprendre à débattre à travers un dialogue raisonné, qui mêle respect des pensées d’autrui et bienveillance, aller vers la recherche de sens et encourager l’imaginaire.
Il s’agit aussi de rester dans ce qui est significatif : le sujet du dialogue et le dialogue lui-même doivent avoir du sens et être attrayant pour les enfants. Leur laisser le choix du sujet est souvent préférable, plutôt qu’en imposer un. Pour qu’un dialogue soit significatif, il est nécessaire de faire en sorte que les autres nous comprennent et voient la valeur de ce que l’on dit : donner des raisons, être critique, aller vers une certaine logique méthodologique.

Quelques objectifs d’un enseignement philosophique à retenir, selon Michel Sasseville, docteur en philosophie, professeur agrégé de l’université de Laval (Québec) et formateur d’enseignants :

  • augmenter les habiletés de l’enfant à raisonner, à réaliser des inférences valides ;
  • aider l’enfant à voir les liens entre différents domaines et à faire des distinctions ;
  • développer les habiletés créatives et logiques ;
  • aider les enfants à découvrir et inventer d’autres mondes, d’autres points de vues, à découvrir le besoin d’objectivité et de cohérence, et l’importance de fournir les raisons qui les incitent à croire quelque chose.

On constate que lorsque l’enfant grandit, il pose moins de questions ; Rattraper cette déperdition est toujours possible, pour peu que l’on soit convaincu que la philosophie est un merveilleux stimulant mental ! Elle permet à l’enfant de penser, d’apporter des réponses et de développer ses habiletés morales et sociales et donc de se rencontrer lui-même pour mieux s’ouvrir au monde.

Annabelle Massin

Références
L’enfant et la philosophie de Edwige Chirouter « 
Des ateliers philo en classe
Institut de pratiques philosophiques de Oscar Brenifier
Les Petites Lumières
Philoenfant de Michel Sasseville
Les petits platons